Jumelage Voussac Xanrey

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En juin 1990, un jumelage a été créé entre les communes de Xanrey et Voussac. Depuis presque trente ans, les échanges se poursuivent. Photo: Le Républicain lorrain

Un jumelage issu d’événements historiques !

Durant la drôle de guerre, c’est à dire depuis le 3 septembre 1939, date à laquelle la France et l’Angleterre ont déclaré la guerre à l’Allemagne, jusqu’au 10 mai 1940, date du début de l’invasion allemande, l’armée française attend les événements en retrait d’une « muraille » fortifiée et dotée d’une artillerie conséquente qui la rend infranchissable, la ligne Maginot.

Durant cette période où l’on s’attend à une guerre avec une ligne de résistance, un front, comme dans la Grande Guerre, nos troupes sont donc passives, sur le terrain.

Il incombe alors aux maires des différentes communes concernées d’organiser l’hébergement et la cohabitation des troupes avec la population.

A Xanrey, par exemple, petit village de Moselle, les soldats de la section Bouchard, (du 414ième régiment de pionniers déployé sur Château-Salins et environs) parmi lesquels deux soldats originaires de Deux-Chaises, sont dispersés chez l’habitant. Quant au lieutenant Bouchard lui-même, il est hébergé par Monsieur Haffner, le Maire.

En juin 1940, après ces longs mois de simple escarmouche, la France est vaincue par l’offensive aéro-terrestre conduite en quelques semaines par les troupes ennemies depuis des territoires préalablement conquis, contournant ainsi la ligne Maginot.

La France, dans un état de désorganisation absolu signe alors un armistice, qui prévoit une occupation partielle du pays qui néanmoins garde un gouvernement, un empire colonial avec une armée toutefois contingentée, des forces navales… et bien d’autres dispositions qui nous entraîneraient au delà de notre préoccupation immédiate.

Bien entendu, les troupes françaises, si elles ne sont pas des prises de guerre, sont démobilisées. Le Lieutenant Bouchard regagne donc ses quartiers à Voussac.

Il y a donc pour la France une zone occupée et une zone libre. Paradoxalement, la soudaineté des événements en est peut être la cause, rien de particulier n’a été stipulé pour l’Alsace et la Lorraine dans cet armistice !

Il n’empêche qu’une fois l’effet de surprise passé, l’occupant décide que pour ces territoires, les Français auront le choix entre devenir Allemands à part entière s’ils restent sur place ou bien, quitter les territoires en question en abandonnant leurs biens !

A Xanrey, c’est donc l’exode pour une partie de la population. Quant à ceux qui font le choix de rester, c’est de toute façon essentiellement sans enthousiasme, contraints et forcés, même si ces territoires ont été allemands pendant presqu’un demi siècle récemment !

L’exode, c’est en premier lieu vers Toulouse. Mais là, ces nouveaux arrivants qui ont décidément un drôle d’accent, peinent à s’intégrer…

C’est alors que Monsieur Haffner, début 1941, prend l’initiative d’écrire à Marcel Bouchard à Voussac, lui racontant les immenses difficultés auxquelles ils se heurtent, ne pouvant trouver de travail, et n’ayant pour tout patrimoine que les quelques bagages à main qu’ils avaient pu emporter, non sans peine.

Avec beaucoup d’émotion, Marcel Bouchard se rapproche alors du maire de Voussac, Monsieur Barette. Ensemble, ils considèrent la situation.

Beaucoup d’hommes de Voussac ont été faits prisonniers et sont donc en Allemagne, les fermes sont exploitées la plupart du temps par les femmes, les enfants, les personnes âgées, le travail ne manque pas, les possibilités de logement sont assez nombreuses, enfin la population locale est visiblement émue par ce destin contraire !

Les Lorrains peuvent donc venir, ils seront bien accueillis !

C’est ainsi que mi 41, les familles Haffner, Petit, Beiser, Bourgeois… peuvent venir à Voussac et ses environs.

Les hommes, les femmes peuvent gagner leur vie, les enfants peuvent fréquenter l’école. L’intégration est complète.

Plus tard, nos lorrains sont encore rejoints par les famille Libeau, Vergance, Ditsch, Bazin, et beaucoup d’autres, de Xanrey proprement dit ou de ses environs.

Cette cohabitation avec des Lorrains loyaux et travailleurs fut parfaitement harmonieuse. L’amitié fut rapidement de la partie et quelques mariages en découlèrent.

Cette situation dura jusqu’en 1945, date à laquelle l’occupant est chassé de Xanrey. Nos lorrains regagnent alors leurs quartiers allant jusqu’à rapatrier les cercueils des leurs décédés ici afin qu’ils reposent enfin sur le sol qu’ils n’auraient jamais dû quitter.

Voilà en quelques lignes les tenants et aboutissants de cette histoire émouvante entre deux petits villages de la France profonde.

Mais de retour, nos Lorrains ne sont pas encore tirés d’affaire. Dans la marche vers Berlin, Xanrey s’est trouvé sous le feu des belligérants. Le village a été détruit à 99%. Seule l’église conserve quelques pans de murs !

Nos Lorrains ont du vivre quelques années encore dans des baraquements, le temps de la reconstruction !

A Xanrey, le souvenir du secours trouvé à Voussac face à cette épreuve cruelle, est resté trés vif.

Les deux villages sont fiers de leur amitié partagée.

(sources – Jean Desbordes – Le temps des passions, L’Allier dans la guerre – pour la partie spécifique Xanrey – Voussac).

Le jumelage au fil des ans.

panneau jumelage xanrey voussacEn 1990, certains habitants de Voussac, notamment Madame Claude BIDET, souhaitent raviver les liens qu’ils avaient créés cinquante ans auparavant, avec les Lorrains.

Certes les liens n’ont jamais été perdus entre les deux villages puisque les liens du mariage, en particulier, unissent certaines familles.

En 1990, il s’agit donc d’établir et formaliser une véritable relation entre les deux communes, un lien pérenne, qui survive aux héros de l’époque et s’offre à leurs descendants.

Ce sera le jumelage mis sur pied par les deux maires de l’époque, Monsieur Alain ROBERT-TRAHAN pour Voussac et Monsieur GAILLOT pour Xanrey.

Bien entendu, ce jumelage doit garder des proportions en rapport avec les moyens financiers de chacune de ces communes, c’est donc tous les trois ou quatre ans qu’un voyage d’une cité à l’autre sera organisé sur un week-end.